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Fête de l'Abbaye 2014

Certains diront que l’Abbaye de Rossinière commence le matin du dernier week-end d’avril, à 5h, quand résonnent dans le village les premières notes de la Diane sonnée par l’Echo de Corjon. D’autres diront que l’Abbaye commence le soir d’avant, à 17 heure, quand se retrouvent au stand les vieux matcheurs, venus observer la relève s’essayer au tir à 300m en devisant gaiement autour de quelques bières. La Jeunesse dira, elle, que l’Abbaye commence à 22h, lorsque, une fois la couronne décorée et tendue au dessus de la Place du Village, elle peut enfin s’attabler autour d’une botte et savourer le week-end à venir. Le Conseil dira sans que doute que l’Abbaye a commencé il y a déjà bien longtemps, et qu’il n’est que trop temps que l’on passe enfin aux choses sérieuses.

Et sérieuses, elles le furent en ce samedi matin 26 avril, quand une bonne septantaine de valeureux membres se sont alignés face au Commandant de Fête Cédric Dubuis, qui, avec l’autorité et la prestance qui sied à un officier de son rang, allait veiller tout au long de la journée à l’excellente tenue de nos rassemblements et défilés.

Sérieuses, elles le furent encore, quand au son de la marche au drapeau, le porte-enseigne se présenta entouré d’une garde renforcée de 8 fiers hommes en uniforme. Après avoir dûment salué l’assemblée et intégré les rangs, Ludovic Martin annonça que cette édition était la 10ème pour lui et sa garde dans leur fonction au sein de la Société. Ce jubilé méritait bien cette petite surprise, accueillie avec honneur et plaisir par l’assistance.

Sérieuses, elles le furent toujours, quand dans son discours l’Abbé-Président Yves Dubuis demanda à ses auditeurs de s’interroger sur la position de la Suisse par rapport au reste du monde. Cette réflexion permettant au passage de réaliser la chance qui est la notre, de vivre en paix dans un pays où un rassemblement d’hommes en armes est synonyme de Fête et non de conflit. Et c’est ainsi que malgré, ou grâce, à la solennité de l’instant, c’est un esprit de fête et de réjouissance qui régnait parmi les participants à cet appel du matin. Parmi eux, 8 nouveaux membres ont prêté serment et ont ainsi reçu le vénérable brassard rouge que chaque sociétaire arbore avec fierté tout au long de la journée.

La partie officielle du matin était également l’occasion de couronner le vainqueur du Tir des Jeunes, qui a permis à douze enfants et petits-enfants de membres de se familiariser avec l’art de leurs aînés. Cette année, avec une broche de 2102° et gagnant un prix offert par Jean-Pierre Neff, le Petit Roi n’était autre que Sébastien Pilet, dont le père a longuement fréquenté les cibles en tant que chef-cibarre. Guillaume Lenoir et Oriane Henchoz sont également parvenus à percer la broche, et se sont vus remettre de magnifiques prix offerts par MM. Henri Turrian et Yves Dubuis, ainsi qu’un prix offert par M. Louis Pipoz pour la première demoiselle.

Sans doute alléchés par la qualité de ces récompenses, les tireurs ont été nombreux à se rendre au stand dès le matin. Peu après l’horaire fixé à 9h30, les premières détonations se faisaient entendre dans le stand, dont la vétusté n’a d’égal que le plaisir qu’on a à y tirer. La vétusté n’empêchant pas la convivialité, les tireurs ont patiemment attendus leur tour à l’aide du vin d’honneur servi par le Syndic, et à la buvette. Celle-ci fût d’ailleurs si bien fréquentée que les tenancières en ont été réduites à dîner dans une gamelle sur leur lieu de travail.

Plusieurs visiteurs sont également venus au stand. Certains pour encourager leurs proches, leur faisant parfois perdre leurs moyens, et les voir se mettre à tirer dans la cible d’à côté ; d’autres simplement pour s’imprégner de l’atmosphère qui régnait à l’intérieur du stand. Parmi eux, relevons notamment la présence toute la journée d’un photographe travaillant à un livre sur le Pays-d’Enhaut. Ce n’est en effet plus tous les jours que l’ont peut admirer ce tableau réunissant le tireur concentré sous le regard du jeune secrétaire attentif, prompt à appuyer sur la sonnette pour avertir son collègue cibarre, patientant 300 mètres plus loin, qu’il est temps de tourner la cible et d’y chercher l’impact, avant de consciencieusement marquer son coup pour guider le tireur vers le centre. Cette fine et belle mécanique s’est une nouvelle fois déroulée sans accros sous la houlette du responsable du stand Olivier Ramel et du chef cibarre Pierre-Alain Berdoz. Grâce à leur calme, leur rigueur, et leur préparation sans défaut, les quelques doutes et malentendus qui surviennent immanquablement avec un marquage manuel ont toujours pu être levés rapidement. C’est un petit prix à payer en regard du plaisir que l’on éprouve à observer le va-et-vient des cibles, le mouvement des palettes et les secouées du drapeau. Et des secouées, il y en a eu beaucoup ! Parfois jusqu’à 3 en même temps : 48 pour signaler des mouches, et 42 pour des broches, un record ! Bravo aux 121 tireurs qui se sont couchés à la cible Société !

L’excitation des tireurs en bas au stand trouvait son pendant juvénile au centre du village où, pour la deuxième année consécutive, des animations pour les enfants étaient proposées à l’initiative de quelques dynamiques mamans. Jeux d’adresse et d’agilité, grimages par un clown, et goûter savoureux : tous les éléments étaient réunis pour que les plus petits puissent également profiter de la Fête de l’Abbaye. L’énergie qu’ils ont dépensée cet après-midi-là sera une belle motivation pour renouveler ces activités.

Le caveau tenu par la Bordzette sur la place du village s’est progressivement rempli à l’approche de la distribution des prix. Mais plus que la bière, ce sont malheureusement les cieux qui se sont mis à couler à flot. Le cortège s’est en effet vu doucher par une grosse averse alors qu’il se rendait au Grand Chalet. En tête de la parade, les cadets de l’Echo de Corjon ont malgré tout courageusement tenu à étrenner leur bel uniforme, et ont défilé pour le plus grand plaisir de tous les spectateurs. C’est d’ailleurs un membre de la fanfare, et actif depuis plus de 10 ans au Conseil, qui s’est vu couronner Roi du Tir : Pierre Pilet remporte la cible Société avec une broche de 925 degrés. Malgré sa présence au bureau des classements une bonne partie de l’après-midi, il n’a rien vu venir ! Il remporte une magnifique crédence confectionnée et offerte par son collègue du Conseil, Olivier Ramel. A la courte-ligne, il a fallu à Roger Berdoz de Château d’Oex 3 broches et une addition de 97.67 pour s’adjuger la couronne de lauriers, devant Patrick Henchoz, qui a aussi perforé les 3 broches mises en face de lui. La distribution des prix s’est déroulée devant la Grande Salle, où Gérald Dubuis a hérité de la 3ème couronne pour sa broche de 464 degrés percée à la cible Surprise. Plus tard dans la soirée, Yann Visinand à Bonheur, et Claude Mermod à Mouche, sont venus compléter le palmarès.

La pluie qui continuait de tomber n’a évidemment pas empêché l’Abbé-Président de rendre hommage aux 15 membres de 70 ans et plus qui ont une nouvelle fois participé à cette fête. Les voir fièrement alignés devant les rangs, malgré la pluie, devrait constituer un exemple pour tous. L’Abbé-Président prit également le temps de remercier toutes les personnes qui avaient oeuvré de près ou de loin au bon déroulement de cette Abbaye. Les membres pouvaient ensuite se mettre une dernière fois au garde-à-vous pour prendre congé du drapeau. Si celui-ci s’en est allé sécher dans quelque local jusqu’à l’année prochaine, c’est sur scène que l’on retrouva son porteur, plus tard dans la soirée, pour une impressionnante démonstration de bûcheronnage, chaleureusement ovationnée. Plus d’une centaine de personnes avaient en effet décidé de prolonger la soirée à la Grande Salle par un excellent repas confectionné de main de maître par une sympathique équipe du village. La suite s’est déroulée autour du bar, la musique a fait se lever toutes les générations, et la célébration de cette 172ème Abbaye s’est poursuivie jusqu’au petit matin. Le lendemain restaient couronnes et prix pour certains, bons souvenirs pour tous. L’Abbaye 2014 était faite, et bien faite. Désormais, chacun attend avec impatience la diane qui annoncera l’aube de l’Abbaye 2015.

Nicolas Moret, Greffier

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© Abbaye de Rossinière 2013 - Dern. rev. 2013-04-25