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Fête de l'Abbaye 2015

L’Abbaye commence toujours par une diane. Ce samedi matin 25 avril n’a pas dérogé à la tradition, et c’est bien avant l’aube que les valeureux musiciens de l’Echo de Corjon ont embouché leurs instruments pour aller réveiller le village de cette mélodie tonique qui, dès qu’on l’entend, nous fait savoir qu’on y est ! L’Abbaye de Rossinière ! Qui célébrait cette année sa 173ème édition ! Certes, certains volets sont restés clos, mais il est fort probable que ceux-qui sommeillaient encore derrière avaient déjà profité de fraterniser au stand ou au caveau le soir précédent. Qu’à cela ne tienne, la fanfare a continué son œuvre plus loin, et après quelques arrêts pour se sustenter et intégrer ses membres retardataires, elle est arrivée comme toujours fringante sur la place du village pour l’appel de 8h.

Là, une septantaine de membres se sont rassemblés sous les ordres du Lieutenant-Colonel Cédric Dubuis. Une fois accueilli le drapeau, le Commandant de Fête présentait pour l’inspection ce qu’il qualifia de «détachement de la Société » à son frère et Abbé-Président, Yves Dubuis. Loin d’un détachement, gageons que l’Abbé y a vu au contraire des hommes qui sont fortement attachés à cette société et à ses vénérables traditions. Il les a d’ailleurs accueillis en les remerciant de leur présence et de leur engagement. Ce sont des manifestations telles que celles-ci qui font la vie d’un village, et si c’est pour tous un plaisir d’y participer, c’est aussi une responsabilité de les faire perdurer. Il l’a d’ailleurs rappelé avec l’exemple des travaux d’entretien du stand, qui vont bientôt débuter, et pour lesquels la société pourra compter à la fois sur le soutien de ses membres et sur celui des autorités communales. Il a ensuite pu accueillir trois nouveaux membres : Etienne Borloz, Raphaël Eggen et Florian Karlen ont ainsi prêté serment devant leurs nouveaux camarades. Moins solennel, mais tout aussi réjouissant pour la relève, ce sont ensuite les huit jeunes filles et garçons qui avaient participé le soir d’avant au Tir des Jeunes, qui sont venus s’aligner devant l’assemblée pour entendre leur classement et recevoir leur prix. C’est le jeune Johann Pilet qui s’est vu coiffé d’une couronne de lauriers pour une broche de 3096°, démarrant la récolte de ce qui allait être une Abbaye prolifique pour la famille.

Partis en cortège, la plupart des membres sont revenus avec la fanfare à la place du village pour savourer l’instant et retrouver les camarades que souvent l’on ne rencontre plus qu’à cette occasion. Quelques-uns ont néanmoins profité que le Commandant de Fête libère les membres à la route du Grand Chalet pour rapidement descendre au stand et passer aux choses sérieuses. Il faisait en effet bon tirer pendant cette matinée, et il semblait de bon ton de se coucher à la cible société avant les averses annoncées pour la fin de journée. Le pic de fréquentation a comme toujours eu lieu lors du vin d’honneur offert par la Commune, où les discussions furent animées. Au final, 115 tireurs ont tiré les 3 cartouches de la cible Société. La plupart viennent du village, ou du Pays-d’Enhaut ; d’autres sont montés de la ville, certains sont tout juste débarqués d’un autre continent, mais ont tenu à être présents pour cette Abbaye.

Cette année, 27 d’entre eux ont réussi à percer une broche, dont quatre à deux reprises. Les membres de l’Abbaye de Rossinière sont évidemment tous de bons tireurs, mais certains sont poissards, à ce qu’il paraît. La compétition est bien présente, mais toujours dans la bonne humeur. Certains s’essaient à la carabine, avec un certain succès à en croire le propriétaire du fusil, qui s’inquiète de reculer au classement à chaque fois qu’il prête son arme. D’autres profitent des Fass 90 mis à disposition des tireurs au bureau pour tirer leurs cartouches sans devoir ensuite passer par la corvée de nettoyage. Ceux-là pourront remercier Quentin Schittli, qui a occupé son dimanche matin dans la graisse, avec tringles et brosses, pour remettre les armes en état. En particulier, celui qui a dû user deux fusils avant de mettre un coup en cible pourra même lui offrir un verre ...

Le tir s’est passé sans accroc, et le seul moment de stress que le Conseil a connu fût au moment de décider s’il fallait renoncer à son dessert à midi pour reprendre le tir avec sa ponctualité habituelle. On a finalement commencé (presque) à l’heure. Les cibarres n’ont paraît-il pas eu les mêmes états d’âmes, et certains ont pu prolonger leur repas bien confortablement, pendant que leurs collègues assuraient le service de façon impeccable. Les jeunes secrétaires ont également donné toute satisfaction, par leur attention et leur patience, et se sont parfois vu récompensés d’une pièce glissée dans la crousille que certains avaient préparée avec soin.

Tout s’annonçait donc pour le mieux en fin de journée, quand tireurs et public commencèrent à converger vers le centre du village. Le ciel avait été clément jusqu’alors, et beaucoup avaient pu profiter de la terrasse du caveau. Sur la Placette, plus d’une trentaine d’enfants avaient pu se dépenser, sans rien dépenser, grâce aux animations mise en place par des mamans du village. Vélo, pêche, ski, souvent dans des variantes originales, mettant à l’épreuve leur adresse ou leur patience. Ajoutez-y rires, plaisir et camaraderie : les ingrédients étaient les mêmes que ceux énumérés au stand pour leur aînés. Tous ont même eu l’occasion de faire un petit tour de quartier à dos d’âne, équipés de casques tels les grands cavaliers.

Du côté des tireurs par contre, un seul aurait le plaisir de pratiquer l’équitation, après avoir troqué casque ou chapeau contre une couronne de lauriers. Pour savoir qui grimperait dans la calèche, le cortège s’est donc dirigé vers le Grand Chalet. Là, l’Abbé-Président fit durer le suspense (ou attendait-il quelqu’un ?) en faisant le tirage au sort de la participation au cortège, auquel les cadets de l’Echo de Corjon avaient fait l’honneur de se joindre. Très discret membre d’une garde du drapeau pourtant joyeusement bruyante pendant le cortège à l’aller (mais était-il bien là ?), c’est le jeune Kevin Karnstädt qui s’est vu déclaré Roi du Tir, grâce à une magnifique broche de 704 degrés. Pour la deuxième année consécutive, Roger Berdoz des Granges recevait quant à lui la couronne de la courte-ligne avec une addition de 84.90 points. L’Abbé distribuait également des palmes aux dauphins (Gérald Dubuis, 2ème, et le même Roger Berdoz 3ème) car pour la suite de la soirée, il valait mieux être à l’aise avec le millieu aquatique. Peu après avoir remis les prix de la cible Société devant la Grande Salle, en particulier la magnifique crédence offerte par Olivier Ramel au Roi du Tir, l’Abbé-Président invitait tout le monde à se replier à l’intérieur en raison de la pluie et du vent qui agressait l’assistance.

C’est donc à l’intérieur que furent distribués les prix courte-ligne, et que Pierre-François Perren reçu les lauriers de la cible Surprise, complétant la couronne obtenue par son fils le matin. Et c’est également au sec que les treize membres vétérans ayant participé au tir furent remerciés et salués d’un morceau de musique. Lors de ses 53 ans d’existence, notre drapeau a certainement déjà essuyé quelques tempêtes. C’est le destin de toute panosse qui se respecte. Porté par Ludovic Martin, il saluait longuement la salle avant de s’en aller sécher une fois de plus. Encore deux ans et il pourra prendre un repos bien mérité.

Les derniers classements furent annoncés plus tard dans la soirée. A la cible Mouche, c’est le dernier tireur, Pierre-Alain Berdoz, tout juste rentré des cibles où il officie comme chef cibarre, qui s’adjuge la chaise du vainqueur avec un coup presque parfait de 162°. A la cible Bonheur, c’est Pierre-François Perren, qui parfume son Abbaye de quelques lauriers supplémentaires, obtenus grâce à des coups de 100, 98 et 94. Entre temps, membres et familles avaient pu se restaurer d’un excellent repas préparé par la cuisine de l’Hôtel de Ville. L’équipe au service mérite une mention particulière, pour leur travail passablement compliqué par le repli à l’intérieur de toute l’assistance, qui fût malgré tout remarquablement assuré.

L’Abbaye se termine rarement par une diane. On en a toutefois entendu plusieurs, bien au-delà de minuit, alors que le gros des troupes était déjà rentré et que ne restaient au bar que les jeunes loups et les vieux briscards. Ces dianes là ne réveillèrent personne : ceux dans les oreilles desquelles elles résonnèrent avaient déjà tout donné. Ils étaient déjà partis vers de nouveaux rêves de médailles, de lauriers ou de soleil, qui espérons-le accompagneront l’Abbaye 2016.

N. Moret, Greffier



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© Abbaye de Rossinière 2015 - Dern. rev. 2015-04-28