Fête de l'Abbaye 2022
Heureux pays que le nôtre ! Où les coups de feu entendus le samedi 30 avril dernier à Rossinière ont ponctué toute la journée un rassemblement synonyme de joie, de fête et de camaraderie retrouvée. Où les bruits de bottes de la veille émanaient d’une jeunesse tout occupée à la décoration du village. Où le clairon qui sonna le matin annonçait un réveil pas toujours brillant, mais le retour d’un des plus beaux jours : trois ans après leur dernière fête, et 180 ans après la première, les membres de l’Abbaye de Rossinière ont enfin pu se retrouver sur la place du village. Tout endimanchés en ce samedi matin où même la météo était de bonne humeur, pas loin d’une centaine de membres se sont alignés face au commandant de Fête Stéphane Brusco, pour accueillir le drapeau porté par Kevin Karnstädt, et écouter les mots de bienvenue de l’Abbé-Président Yves Dubuis.
Courageux Abbé que le nôtre ! Qui s’est félicité de la liberté retrouvée après 2 ans de restrictions et de privations, mais qui a eu une pensée pour toutes les personnes qui avaient été durement touchées par cette pandémie. Qui a évidemment évoqué la guerre qui se déroule en Ukraine, appelant les dirigeants à revenir à la raison et à mettre fin au conflit. Qui a encouragé toutes les personnes présentes à prendre soin de notre planète (et par la même occasion de leurs mollets). Ce sont d’ailleurs des contraintes environnementales qui ont conduit la société à installer des caissons de récupération à la ciblerie, sur lesquels le Président a donné quelques détails. En particulier, il a réitéré ses chaleureux remerciements aux autorités municipales et au conseil communal, qui ont fortement soutenu cette installation, et qui permettra à notre Abbaye, mais aussi à la Jeunesse, de continuer à tirer au village. La Jeunesse justement, fut vivement applaudie pour avoir enfin admis les filles en son sein, mais l’espoir formulé par l’Abbé que sa grande sœur suive prochainement le même chemin déclencha plus de sourires que d’applaudissements. Le jalon est toutefois posé pour son successeur, puisque Yves Dubuis avait annoncé lors de la dernière assemblée que cette fête serait pour lui la dernière en tant qu’Abbé-Président. Le matin même, il avait réuni à déjeuner la fanfare, son Conseil, les anciens Abbés et quelques membres et amis pour marquer le coup et remercier ses proches de leur soutien pendant ces 12 années de présidence. Il a réitéré ses remerciements en clôture de son discours, rendant hommage avec émotion à l’appui de ses filles et de ses parents, ainsi que de son plaisir à avoir pu officier plusieurs années avec son frère Cédric en tant que Commandant de Fête.
Chaque année, Yves Dubuis s’était fait un point d’honneur à pouvoir assermenter des nouveaux membres. En 2022 ce sont 3 personnes qui se sont vues remettre notre vénérable brassard : Julien Barthe, Lionel Grin et Sascha Rothenbühler ont ainsi rejoint les rangs après avoir prêté serment devant la société au garde à vous. Puis ce ne sont pas moins de 13 jeunes, âgés de 13 à 17 ans, qui sont venus prendre connaissance du résultat de leur tir, le soir d’avant : 3 coups d’essai (qui pour deux d’entre eux percèrent la broche), puis 5 coups avec le marquage de la palette orange pour seule indication de réglage, afin de garder le suspense du classement pour le lendemain. Celui qui a dû attendre le plus longtemps avant d’entendre son nom fût Jérémy Raymond, qui s’est donc vu coiffé de la couronne de Roi du Tir des Jeunes.
Fière Société que la nôtre ! Qui s’est mise en cortège pour parader jusqu’au Grand Chalet à la suite de l’Echo de Corjon. Qui a maintenu sa bonne tenue tout au long de la journée, même si certains ont eu la surprise de constater que leur costard avait rétréci après 3 ans sans sortir de l’armoire. Qui s’est retrouvée au stand en prenant toutes les précautions nécessaires à la pratique du tir sportif. Quelques aménagements avaient d’ailleurs été faits au stand pour améliorer la sécurité, notamment en déplaçant les râteliers contre la paroi de la buvette. Merci à Olivier Ramel, lui aussi membre sortant du Conseil, qui a beaucoup œuvré, avec succès, pour la bonne marche des tirs. Il a en ça été bien aidé par son homologue d’en face, Pierre-Alain Berdoz, qui lui aussi laissera sa place à la ciblerie dès l’année prochaine. On ne change normalement pas une équipe qui gagne, mais il faut reconnaître que eux aussi ont bien mérité de profiter désormais de la journée plus calmement. Par exemple, ils auront l’occasion de savourer tranquillement le vin d’Honneur, servi cette année jusqu’aux cibles et au bureau. Ils auront la possibilité de boire leur café, voir plus, sans stress, après avoir délicieusement dîné avec les copains ou la famille dans un des bistrots de la commune, ou ailleurs. Ils auront l’occasion d’aller boire un petit jus à la tonnelle de la Grande Salle, entourés des enfants pour qui des animations avaient une fois de plus été mises en place. Seul bémol cette année, l’absence de dernière minute des forains, touchés par le décès d’un proche. Mais les enfants ont néanmoins profité nombreux des jeux, gymkhana, et autres pêches miraculeuses proposés.
Valeureux tireurs que les nôtres ! Qui ont été 126 à se coucher à la cible Société, 23 d’entre eux y perçant la broche. Qui s’y sont tellement plu qu’ils y sont restés jusqu’à plus de 18h, forçant cibarres et secrétaires à des heures supplémentaires, et mettant la pression sur l’équipe des classements pour ne pas arriver (trop) en retard à la remise des prix. Qui grâce à l’excellent travail de Quentin Schittli et Mikael Geser, se sont ainsi retrouvés à 19h30, au lieu des 19h prévus, en route pour le Grand Chalet pour y couronner leur roi. Avec une broche de 1618°, c’est Richard Moura qui coiffait son chapeau de la plus belle des couronnes. La seconde couronne récompensait la courte-ligne d’un Pierre-François Perren ému par ses 3 broches, mais pas suffisamment pour l’empêcher d’en faire une quatrième à son coup surprise. Egalement palmé pour le 2e meilleur coup de la journée (1654°), il était suivi de Gilles Raymond (2046°). Entouré de ses dauphins et des demoiselles d’honneur, le Roi Richard prit la tête du cortège qui les conduisit devant la grande salle. La magnifique palette des prix y fût distribuée, les premiers prix étant offerts par Jean-Pierre Neff, Jean-Pierre Sallin, Schittli Frères et Chaletbau Matti. Adrien Blaser regrettera longtemps d’avoir voulu se reposer avant son concert avec le chœur de l’Etivaz : c’est lui qui avait percé la meilleure broche à Surprise, et il n’était pas là pour coiffer la couronne. En fin de soirée, Eugène Widmer serait encore récompensé pour la meilleure mouche de la journée, et Fabrice Pipoz pour son coup de 100 à Bonheur. Les tireurs de plus de 70 ans furent également salués pour leur participation. On relèvera aussi avec admiration que plusieurs membres ne jugeant leur vue plus assez bonne pour tirer, ou toute autre excuse bien sûr valable, étaient malgré tout présents aux appels et cortèges, en tenue, et participaient tout de même à la fête. Après que l’Abbé-Président eut prononcé un ultime « Voilà … » de sa tribune, les membres se mettaient une dernière fois au garde-à-vous pour prendre congé du drapeau. On se dispersa, mais pour mieux se retrouver, autour de la tonnelle pour certains, ou autour d’un bon repas dans la grande salle pour d’autres.
Belle Abbaye que la nôtre ! Qui nous a rassemblés comme avant. Qui nous a fait vibrer comme avant. Qui nous a rendus heureux et fiers, comme toujours. Les amis ont trinqué, les cibarres, déguisés en rouge, ont chanté. Et quand les lumières se sont éteintes et le son est monté, la piste de danse s’est remplie. La garde en uniforme a dansé sur le bar, les filles ont coiffé les chapeaux noirs de leurs copains. On s’est serré la main, on s’est fait des becs. On a profité à nouveau de ce qui pouvait nous sembler aller de soi, mais dont on mesure encore plus la valeur aujourd’hui. Le chemin vers l’Abbaye 2022 était long et semé d’embûches, mais elle a revécu avec bonheur. Et on attend désormais avec espoir et impatience la prochaine Abbaye en 2023 !
N. Moret, Greffier